Voyage avec la Bergensbanen

Les plus grands lecteurs de mon blog sont déjà des experts en pays Scandinaves, la Norvège n’a plus aucun secret pour eux ! Bon … peut-être pas. Néanmoins vous avez quand même assimilé le fait, j’en suis sûr, qu’en Norvège, on prend beaucoup l’avion. Plus que tous les autres moyens de transport. Rappelez-vous, un ‘Oslo – Tromsø’ se fait plus facilement en deux heures d’avion plutôt qu’en quelques jours de route. Dans certains cas le train devient une possibilité. Pour aller à Bergen par exemple, huit heures de train… ou bien quarante-cinq minutes de vol, à vous de voir !… Certains prennent le train mais ne perdent pas leur temps pour autant… « Se Norge, Ta toget » (« Admire la Norvège, prends le train ») affiche fièrement la NSB sur ses locomotives.

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Train Oslo S – Bergen à la gare de Finse.

Tout commence à Oslo S, la gare centrale de la capitale. Tous les jours, à différents horaires, des trains quittent la gare pour rejoindre Bergen. Ceux qui sont experts en géographie s’interrogeront. Entre Oslo et Bergen il y a une chaîne de montagne qui monte largement à plus de 1 000 mètres (les Alpes Scandinaves), difficilement franchissable avec une voix ferrée donc. Plutôt ardu de faire un col en chemin de fer, et pourtant : les Norvégiens l’ont fait !

IMG_0355Mais quelle idée d’aller construire une ligne de chemin de fer aussi longue, et aussi compliquée alors qu’un petit vol avec SAS ou Norwegian ne prend que 45 minutes. L’idée farfelue vient d’un norvégien de Bergen, Andreas Tanberg Gløersen que nous appellerons André pour simplifier. En 1871, celui-ci était directeur des forêts à Voss, une petite ville à quelques kilomètres de Bergen, au pied des montagnes. À l’époque Boeing et Airbus n’étaient pas très connus. André propose alors à l’État d’allonger la ligne Bergen – Voss déjà existante jusqu’à Hallingdal. Une vallée de l’autre coté des montagnes. D’après André, la connexion permettrait de rejoindre la ligne Oslo – Hallingdal et de créer ensuite une ligne reliant Bergen. Ainsi, ils pourraient, lui et sa femme, aller passer le week-end chez la belle-mère à Oslo.

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IMG_0351En 1872, la municipalité de Bergen est séduite par l’idée d’André et décide d’entreprendre le tracé. La construction a débuté rapidement mais le chantier s’est avéré plus difficile que prévu. Tailler les montagnes et faire grimper un train à près de 1 300 mètres d’altitude n’est pas chose facile. L’hiver long, froid et riche en neige stoppait les travaux avant que les ouvriers congelés n’abandonnent leur pioche et leur truelle.

IMG_0415Au début du vingtième siècle, la ligne fût terminée et le premier train emprunta la liaison en 1909. Malheureusement, André n’a pas eu la possibilité de l’emprunter, car mort 5 ans plus tôt. Triste fin ! Néanmoins, on peut, aujourd’hui, être fier de son dévouement pour la réalisation d’une ligne de chemin de fer qui relie les deux plus grandes villes de Norvège en se promenant dans la montagne. Comme dit la NSB, (la SNCF norvégienne), « Se Norge, Ta toget » (« Admire la Norvège, prends le train »), en gros, « prends ton temps ». Un petit pied de nez sympathique aux compagnies aériennes qui misent sur la rapidité.

IMG_0391Quittez Oslo et longez les longues forêts et rivières de l’Oppland et de l’Hedmark avant de monter petit à petit vers le Hardanger où vous vous arrêterez dans les endroits les plus prisés du pays en hiver comme Geilo, le Courchevel norvégien. Après la station d’Haugastol, seul le train règne en maître, la route européenne que l’on longeait jusqu’alors s’arrête et la végétation se raréfie. Au loin, même en plein été, on aperçoit des petites taches de neiges sur les montagnes. Le train passe de tunnel en tunnel avec, entre chaque, un paysage différent toujours plus beau que le précédent. Des cascades, des rivières glacières au courant déchaîné, des montagnes aux cimes recouvertes par le brouillard et des vallées verdoyantes très étroites où un fjord arrive à s’y faufiler.

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Finse au bord du lac, Finsevatn (nous sommes toujours au mois de juillet…)

Soudain, après un ultime tunnel, la sensation d’avoir été téléporté dans le temps nous gagne. Nous sommes au mois de juillet et pourtant, les montagnes sont toutes couvertes de neige, le lac est gelé et le thermomètre du train affiche « 3° ». Que s’est-il passé ? « Prochain arrêt Finse ». À l’annonce du conducteur, je me suis levé, pris mon bonnet, mis mon écharpe et sorti du fond de mon sac ma grosse doudoune que j’ai tout de suite enfilée par dessus mon unique pull-over qui me suffisait largement à Oslo. Les touristes à bord du train, qui étaient déjà étonnés de voir de tels paysages à cette époque de l’année l’étaient IMG_0674encore plus à la vue de mon accoutrement, je pouvais facilement lire dans leurs yeux « Mais où il va celui-là ? »

Moi, messieurs-dames, je vais à Finse ! Je descends maintenant de ce train et je vous raconte tout le mois prochain. Mais pour ça, une seule condition : suivez, lisez et partagez Hiver Arctique dans sa peau neuve de rentrée. Vous comprendrez également pourquoi le nom de ce blog convient à toutes les saisons. Bien choisi n’est-ce pas ?

Lucas

Troll des montagnes à l'esprit vif et au regard aguerri.

Une pensée sur “Voyage avec la Bergensbanen

  • 8 septembre 2015 à 21 h 43 min
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    Magnifique présentation !

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