Chapitre 13 : Vert comme le ciel !

IMG_7796Comment être à Tromsø quelques jours sans même penser une seule seconde à la possibilité de voir des aurores boréales. Ce serait comme être aux Seychelles sans aller à la plage ? Même si la météo n’est pas au rendez-vous, tout le monde se presse en Scandinavie pour entrevoir ces filaments verdâtres qui envahissent le ciel de nuit.

Mais quel engouement pour ce spectacle naturel de la part de tout le monde. Tout ça est quand même étrange ! Quand je vois tous les touristes asiatiques qui ne passent que quelques jours, voir même qu’une seule nuit en Norvège sans même être au courant du phénomène plus que ça.

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IMG_7797Lorsque je suis allé à Tromsø j’ai dormi chez l’habitant. J’aime cette pratique qui permet de rencontrer des gens locaux, donc beaucoup moins impersonnel que l’hôtel et plus économique lorsqu’on voyage en touriste seul ou à deux. Juste avant moi, un Coréen avait séjourné quelques nuits, deux pour être exact. Il ne s’était même pas renseigné plus que ça. Il essayait d’observer le bout de ciel que l’on aperçoit depuis le balcon du propriétaire, qui donne sur la rue, à la même hauteur que les lampadaires trop éblouissants : ce qui n’est pas évident pour contempler d’un œil neutre le ciel. L’hôte l’a finalement conduit sur la plage à quelques centaines de mètres pour lui montrer un endroit plus dégagé des lumières parasites. Ce jeune Coréen qui s’est donc payé quelques jours en Europe (d’après ce qu’il m’a dit) s’est arrêté pour voir des aurores boréales seulement deux nuits. Quand on fait un voyage si long, je pense que certaines mesures sont à envisager à l’avance. Il aurait pu en profiter plus mais malheureusement la chance ne lui a pas souri (d’après le proprio, il n’était pas non plus très fute-fute).

IMG_7788Certains professionnels des aurores boréales, qui emmènent des touristes, majoritairement asiatiques, m’ont témoigné que ces derniers étaient très exigents sans même comprendre le phénomène. Une fois arrivés sur le lieu d’observation, les touristes, en rang d’oignon, caméra et appareil photo dernier cris achetés spécialement pour l’occasion attendent impatiemment…. Parfois longtemps, avant de sortir un : « bon !? On est prêts la … ça commence quand ? ». Les guides répondent ironiquement « on va chercher la télécommande, on appuie sur le bouton ON… et hop ! Ça vient ! Je repense a cette phrase des Têtes à claques, ces petites poupées québécoises : « On ne peut rien faire contre madame-nature ! » Et c’est la vérité ! Cette activité a beau devenir un business fleurissant, la nuit où il n’y en a pas, on ne peut rien faire de plus que de revenir le lendemain… si possible !

IMG_7813Pour moi, le choix a été fait de s’installer sur le toit de mon hôte. Habitant dans un appartement légèrement excentré de la ville dans une petite résidence de 2 étages, il jouit d’un toit aménagé avec des chaises longues pour les longues journées d’été mais également pour les observations astronomiques des longues nuits d’hiver.

Prêt à contempler ce ciel qui me faisait déjà rêver avec les nombreuses et incroyables étoiles des mois d’hiver, j’observais Jupiter et Vénus, tellement belles et bien visibles à ce moment là, quand soudain … Vers le nord, le ciel s’est légèrement éclairci. Qu’est-ce ? Un petit voile clair s’était infiltré dans le ciel. J’aurais été en France, derrière mon télescope, j’aurais dit : « c’est casse-pied cette brume ! » comme quoi on voit ce qu’on veut bien voir ! Certes, pour l’instant, cela ressemblait plus à des nuages qu’autre chose mais j’étais quasiment sûr que ce n’en était pas !

IMG_7795Je fixais cette « brume » d’un œil inquisiteur et je la voyais petit à petit se déplacer, relativement vite, étrangement. Un nuage ne se déplace pas comme ça. En se déformant de manière joyeuse, sa visibilité etait tres médiocre mais par moment des petites pointes plus brillantes apparaissaient bien vertes. J’étais en train d’observer ma première aurore boréale ! Cette fois-ci, j’en étais sûr.

Vers 23h, le vent qui s’était levé quelques instants plus tôt commençait à me refroidir. Ce n’était pas sans compter mes trois pantalons et ma doudoune polaire islandaise « Þórsmörk » de 66° NORD. Je suis rentré un instant pour me réchauffer et boire quelque chose de chaud. Affalé sur le canapé, un peu engourdi par la différence subite de température que je venais de subir, j’observais le plafond comme dans l’espoir d’apercevoir une aurore boréale se dandiner entre les rampes électriques du salon.

IMG_7790Trouvant suffisamment d’énergie pour me lever, j’ai réussi à regarder par la fenêtre si le ciel était toujours assez bien dégagé. Laissant mes yeux s’habituer à la noirceur du ciel, j’ai mis un bout de temps avant de réaliser qu’une magnifique aurore boréale se dessinait dans le ciel. Ni une, ni deux, j’ai pris mon anorak et je me suis emmitouflé en montant les marches 4 par 4 jusqu’à arriver au toit de la résidence.

IMG_7791Quelle beauté ! L’aurore était d’un vert qui s’intensifiait et s’assombrissait parfois. Elle ressemblait à un long serpent traversant le ciel d’est en ouest faisant des vagues et des traits très visibles ou bien au bord de l’invisibilité. Avachi sur ma chaise-longue, je regardais ce spectacle danser au-dessus de ma tête en oubliant presque les rafales de vents violents qui me fouettaient visage.

On m’avait prévenu : à part avoir un appareil de professionnel, il n’y avait pas moyen de prendre des photos potables. Malgré tout, la tentation était trop forte. On deguaine l’iPhone et on cadre. « Mais on voit rien là-dedans ! ». Les rares photos potables que j’ai réussi à prendre, à travailler un petit peu, sont sur cette page. Ce ne sont pas des photos de magazines mais pas besoin ! Les plus beaux souvenirs, je les garde dans ma tête. En étant sûr et certain que ce n’était pas la dernière fois que je voyais des aurores boréales !

« Le Bifröst* est la danse des esprits des saumons, des rennes, des phoques et des bélugas, animés par le souffle des baleines de l’océan Arctique ; le reflet du Soleil ou de la Lune sur les armures des Valkyries quand elles traversent le Ciel ; des torches allumées par les esprits des morts pour accueillir au paradis les nouveaux arrivants. »
#Mythologie Nordique

*Bifröst est le nom nordic pour parler d’arc-en-ciel mais également d’aurore boréale dans les pays vikings. Ces derniers parlaient de lumière du nord à l’exception des finlandais qui utilisaient le terme finnois « revontulet » (la queue du renard rouge ou feux de renard). Les inuits Groenlandais appellent ses aurores les aqsarniit, il s’agirait que les âmes des morts jouent à la balle avec des crânes de morses. Une sorte de vengeance dans l’au-delà à un des plus grands prédateurs qu’ils craignaient. À l’inverse, les Inuit Canadiens du Nunavut pensaient (ou pensent) que ce sont les morses qui jouent à la balle avec des crânes d’humains. On constate la différence de croyances face aux aurores. Certains peuplent les craignaient, d’autres les vénéraient.

-> Toutes les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Qualité médiocre, je l’admets !

Lucas

Troll des montagnes à l'esprit vif et au regard aguerri.

Une pensée sur “Chapitre 13 : Vert comme le ciel !

  • 6 mai 2015 à 10 h 21 min
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    Bravo pour ces photos d’aurores prise à l’iPhone… c’est un petit exploit! La qualité n’est pas extraordinaire, mais comme tu l’as souligné dans ton article, l’essentiel est le souvenir qu’elles laissent! a+ Arnaud

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    • 6 mai 2015 à 10 h 23 min
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      Merci Arnaud. EN effet l’iPhone c’est pas la joie. Les aurores n’étaient pas non plus très très brillante quand je vois ce qu’on peut avoir en Islande ou même en ici. Mais j’ai éclairci les photos beaucoup beaucoup. Ça se voit au grain. C’est déjà ça :)

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