Chapitre 29 : Les facilités du norvégien

Je vous l’ai dit, je le répète, le Norvégien n’est pas une langue difficile. « Oh l’autre il se la pète, il sait parler une nouvelle langue ». J’entends tout et n’importe quoi à ce sujet. Remettons les choses au clair et voyons vraiment ce que je pense de cette langue que je pratique au quotidien depuis presque deux ans maintenant et qui ne me rend pas toujours des plus heureux.

FullSizeRender 6  Aujourd’hui je suis chafouin, oui parfaitement ! « Qui apprend une nouvelle langue, acquiert une nouvelle âme » a dit Juan Ramon Jimanez. Ma nouvelle âme norvégienne est parfaitement en accord avec moi-même. Cette langue que j’ai dû maitriser rapidement pour les besoins de mon travail et pour toutes les choses du quotidien est en effet pas si difficile, tout est relatif : les norvégiens qui me rétorquent « Moi j’ai appris le français pendant dix ans, je sais à peine faire une phrase » je leur réponds que vivre dans un pays, immergé avec les habitants est forcément le meilleur moyen pour apprendre une langue. 

Désormais, vous le savez, je travaille également au collège pour aider le prof de français dans son devoir éducatif. Un jour alors que je me rendais dans la salle des profs pour chercher un café, (oui, je travaille dur), une voix m’interpelle, je me retourne. Quelle bonne surprise de revoir Rita, ma prof de norvégien lorsque j’étais en norskkurs (les cours de norvégien pour les adultes). « Mais qu’est ce que tu fais là ? » m’a-t-elle demandé, toute étonnée de me voir dans ce bâtiment où je suis bien le seul à ne pas être norvégien.
« Qu’est ce que tu parles bien norvégien maintenant » avait-elle répondu avant même que je finisse de répondre à sa question précédente. Un prof passa au même moment en coup de vent, prenant notre conversation au passage et dit « Oh oui, il est doué ».

IMG_8922« Ça y est tu es devenu norvégien maintenant » m’avait-elle dit avec un grand sourire en me prenant dans ses bras en guise d’au revoir. Mais qu’est ce que ça veut dire réellement … Je serais norvégien parce que je parle plutôt correctement cette langue ? Non je suis français. En tout cas c’est ce qui est écrit sur mon passeport. Je doute finalement que dans ma tête je me sente entièrement français.

Quand je parle norvégien, je traduis de moins en moins en français dans ma tête. Ce qui ne veut pas dire que quand je parle français, je traduis de plus en plus du norvégien… non non ! Quoique, je constate de jour en jour que mon français met plus de temps à venir. Des expressions, des mots me manquent, des difficultés que j’avais déjà avant sont encore plus présentes. En norvégien, je cherche aussi, des fois longtemps dans ma tête. La honte de me tromper ? Ça je ne l’ai plus, je ne l’ai jamais vraiment eue je crois … Une erreur, un doute ? Je demande à la personne avec qui je discute de m’aider et c’est LÀ qu’entre en scène LE PEUPLE NORVÉGIEN.

Lillehammer-9Pour le cours d’histoire, le norvégien est une langue cousine (très éloignée) du français, ce qu’on appelle les langues indo-européennes. Un sujet, un verbe qui se conjugue, un autre non conjugué ou au participe passé, un complément, un article, des propositions … Évidemment ça n’a rien de très transparent mais ce genre de détails aident énormément car c’est (à peu de choses près) la même logique de construction.

Lorsqu’un ou plusieurs mots français équivalent un seul autre en norvégien, pas de soucis ! Mais quand un mot français vaut pour plusieurs possibilités en norvégien … là il faut sortir les rames. « Beaucoup », par exemple, se dit de deux façons, ça dépend si vous pouvez compter ce dont vous parlez ou pas. Si vous vous trompez ça peut changer le sens de la phrase. « Il y a beaucoup de légumes. Soit je dis qu’il y en a plusieurs sortes sinon en utilisant l’autre je dis qu’il y en a beaucoup en quantité.

P1060621L’autre grande difficulté est l’usage des prépositions « på » (sur) et « i » (dans) qui s’utilisent principalement pour dire « à ». Mais attention, là, il n’y a pas de règles ! « Dans le salon, mais sur la cuisine », « Je suis sur l’école mais dans la garderie » … Comme je ne sais jamais lequel utiliser, je dis toujours les deux à la suite accompagnés d’un ton interrogatif espérant que mon interlocuteur va m’aider. Généralement, il ne comprend pas alors je dois reformuler. « On utilise lequel ? À l’école ? Sur l’école ? ».

Sans exagérer, la réponse que j’obtiens neuf fois sur dix c’est : « oui » le tout avec un faciès d’incompréhension, « mais pourquoi il me demande ça ? ».

Si être norvégien c’est répondre oui à une question ouverte, alors je ne suis pas un des leurs. Le un sur dix qui reste c’est par exemple Rita, qui me corrige tout le temps. Quoi que je dise ! Et ça j’aime. Certains ont simplement peur de corriger ne sachant pas comment va réagir la personne qui fait une faute. Lorsque la question est posée, il n’y a cependant aucune excuse à avoir.

La vie est un enseignement mutuel pour ceux qui savent vivre
# Hippolyte Lucas

Lucas

Troll des montagnes à l'esprit vif et au regard aguerri.

Une pensée sur “Chapitre 29 : Les facilités du norvégien

  • 11 mai 2016 à 19 h 01 min
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    J’aime bien cette maturité qui te vient…

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