Escale à Tromsø

Tromsø est la capitale du comté du Troms. Mais attention une capitale, surtout en Norvège, n’est pas toujours une ville avec plus de 100.000 habitants, de la pollution, un périph … Pour exemple, Vadsø, qui est la capitale du comté du Finnmark, ne compte que 6.000 habitants. Pour Tromsø, on reste tout de même dans l’étonnement. Nous voici à 69°N à 350 km au nord du cercle polaire arctique et il n’est pas commun à cette latitude de trouver une ville aussi vivante où vivent 70.000 habitants et qui tient une place économique de choix dans le Royaume de la Norvège. Pour être précis, c’est la quatrième ville la plus peuplée du monde au dessus du Cercle Polaire Arctique, les trois premières étant Mourmansk, Norilsk et Vorkouta, toutes trois en Russie. En Norvège, elle obtient le rang de 9e ville du pays par le nombre d’habitants.

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Tromsøya, la ville de Tromsø depuis le Fjellheisen.

Troms, le nom du comté, désignerait, en vieux norrois, les courants, qui aurait été déformé du mot norrois Straumr. Le « ø » collé au mot vient également du vieux norrois, ou plus récemment du vieux danois et désigne « île ». On n’est pas sans savoir que la ville de Tromsø est située sur une petite île entre le continent norvégien et la grande île de Kvaløya (l’île où se trouve la ville est dénommée plus généralement Tromsøya en norvégien moderne). Plusieurs îles et rivières en Norvège s’appellent Troms ou Tromsø du fait de cette origine large (et surtout incertaine). Mais, lorsqu’on évoque Tromsø il s’agit de cette grande ville au nord que tout norvégien normalement instruit connait (au moins de nom).

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Le front de mer avec le musée polaire dans le fond (en rouge).

Tromsø ne se rejoint que par avion ou par voiture. Étant donné la qualité et la longueur de la route pour rejoindre la capitale arctique, le choix est vite fait pour ceux qui désirent y aller sans perdre de temps. (Par la route le paysage est absolument magnifique en passant par les fjords et les îles Lofoten, mais le voyage ne peut pas se faire en une seule journée). Depuis l’aéroport d’Oslo-Gardermoen, la SAS et la Norwegian proposent généralement 5 vols aller-retour journaliers. L’aéroport de Tromsø-Langnes sert de point de transition entre les principaux aéroports de Norvège et les petites villes du Finnmark, du Troms et du Norland comme Vadsø, Hammerfest, Kirkenes, Narvik deservies avec les petits coucous de la compagnie locale Widerøe. L’aéroport est tout près de la ville, sur l’île de Tromsøya, il joue le rôle de gare que la ville n’a pas. Autre possibilité, Tromsø est un grand port de pêche et une étape importante sur le trajet du célèbre Hurtigruten (l’express coter norvégien reliant Bergen à Kirkenes). Le bateau a toujours une étape à Tromsø au programme, les touristes lâchés dans les rues, courent contre le temps qui leur est imparti pour prendre le plus de photos et ramener des petits trolls en plâtre trouvés dans le magasin de souvenir du port. Un spectacle fascinant !

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La Cathédrale Arctique devenue symbole de Tromsø.

L’île de Tromsø possède quelques collines assez hautes, mais Tromsøya est surtout entourée par d’autres terres très montagneuses. Kvaløya, l’île bordant Tromsø par le nord-ouest n’est pas très haute mais possède quand même un relief assez impressionnant, qui n’est rien comparé au continent bordant l’île par le sud-est qui surplombe Tromsø par une montagne de 1.238m d’altitude, Fjellheisen. Au pied de cette immense montagne, raide et taillée comme une falaise, se trouve Tromsdalen la banlieue proche de Tromsø. Elle fait complètement parti de la ville car reliées entre elles par un pont, Tromsdalen est surtout résidentielle mais on y trouve la magnifique Cathédrale Arctique (Ishavskatedralen) qui nous accueille sur le continent, juste à la sortie du pont. Cette ville est malheureusement très à l’ombre. La grande montagne de Fjellheisen, au sud, bloque le soleil une bonne partie de l’année sauf pendant la période estivale où le soleil ne se couche jamais et fait tout le tour du ciel !

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La montagne de Fjellheisen avec la ville de Tromsdalen depuis le port de Tromsø.

Cette grande montagne, Fjellheisen est assez impressionnante mais surtout très attirante. On peut atteindre son sommet grâce à la cabine que l’on prend à Tromsdalen. En 4 minutes, la cabine nous emmène de 421 à 1.238m d’altitude, (gare aux oreilles bouchées) ! Une fois là-haut, préparez-vous à affronter des vents violents mais surtout à admirer une vue extraordinaire de Tromsøya et des environs. Quelques infrastructures se trouvent en haut comme un restaurant (pas dégueu mais un peu chéro, ça reste en Norvège) et une salle d’attente pour attendre la prochaine descente. Une terrasse nous amène au dessus du vide pour contempler la vue avec une table d’orientation pour nous aider sur les noms des sommets en cas de beau temps, mais il est également possible de faire quelques centaines de mètres à pied pour se rendre sur un autre point de vue. IMG_7710Certains prévoiront sac-à-dos et affaires de baroudeurs pour atteindre le grand sommet de Fjellheisen à 20-30 minutes de marche. Ne prenez pas de tente, avec le vent qu’il y a là-haut, vous n’aurez pas le temps de la déplier qu’elle sera déjà en Suède. Si vous avez la possibilité d’y aller de nuit, la vue sur Tromsø est encore plus magique (photo à gauche) et si vous êtes chanceux vous pourrez admirez des aurores boréales depuis le sommet ! En cas de très beau temps en pleine journée ce sont des avalanches de touristes qui s’y fraient un chemin… je déconseille !

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Bibliothèque de Tromsø

La ville de Tromsø est une ville universitaire, de nombreux étudiants de Norvège mais également de nombreux pays arrivent pour y faire leurs études supérieures. Grace à ce statut d’enseignement supérieur, la ville de Tromsø s’est vue remettre le surnom de « Paris du Nord ». Un surnom un peu facile et très vite dit ! Tromsø n’a absolument rien à envier à la capitale Française. IMG_7985Sauf peut-être son réseau routier. Il est incroyable de voir des routes pareils, des tunnels, des ponts à l’architecture moderne sans aucun péage ! (Vous souvenez vous ? Dans le septième chapitre : les joies de l’hiver, j’avais parlé des Norvégiens qui payent les routes un peu partout avec des petits péages sous la forme de portique eco-taxe). À vrai dire, Tromsø n’installe pas de péage sur ses infrastructures car la ville a eu une « bien meilleure » idée ! Taxer directement le carburant dans la municipalité. Un moyen efficace de construire des belles routes pour faciliter aux automobilistes la traversée de la ville sans gravir la colline ou en faire le tour. C’est pour cette raison que les tunnels pullulent et que la colline est taillée comme un gruyère. De bonnes routes mais que de mauvais bus … Je pourrais en écrire un article ! Ce que je ferai !

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Drapeau Sami sur la place de l’église du centre ville.

La ville est désignée comme capitale Sami ce qui est assez controversé par les vrais Samis habitant en Laponie. Tromsø ne s’y situe pas vraiment. La Laponie est vraiment la plaine qui s’étend de la Suède à la Finlande en passant par le Finnmark Norvégien. Néanmoins il y a une explication à cette désignation hâtive. Tromsø est la seule grande ville pour toute cette immense région. Rovaniemi, en Finlande, est très (trop) au sud. En Suède, à part des petites villes comme Kiruna, vous ne trouverez que des plaines et des rennes à perte de vue. En Norvège, quelques petites villes existent dans le Finnmark lapon et on trouIMG_8079ve quelques villages de pêcheurs sur la côte du Finnmark. Pour toute cette grande région, la seule ville à posséder un aéroport à grande liaison, plusieurs hôpitaux, des centres administratifs et des universités pour les études supérieurs, c’est Tromsø ! Malgré tout, les peuples samis s’étendent en dehors de la Laponie, de la Russie jusqu’à Trondheim en Norvège (milieu du pays). Accueillant ce statut de capitale Samis très à cœur, la municipalité affiche dans beaucoup d’endroits le fameux drapeau sami accompagné de traduction en same sur tous les fronts. De jure, la ville revendique le Norvégien Bokmål comme langue officielle mais de facto les langues sames constituent une importante part de la population. De nombreux panneaux sont traduits ainsi que le nom de la ville qui se décline partout en ROMSSA, l’équivalent same de Tromsø. (À gauche, photo d’une salle d’attente au terminal des bus indiquée en norvégien et traduit en sami et anglais).

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Musée Polaria

Avec l’activité importante du port, Tromsø vit beaucoup du tourisme grâce aux aurores boréales l’hiver et aux nombreux festivals et événements l’été. La ville est en effet très culturelle avec quelques musées. Le Polaria vaut le détour, son architecture de dominos écroulés sur le port est déjà très amusante et à l’intérieur découvrez un aquarium où vivent des espèces aquatiques polaires dont des phoques. Le musée (un peu cher pour la globalité) nous sensibilise beaucoup aux changements climatiques observés dans l’archipel norvégienne de Svalbard. Le musée polaire (polarmuseet) est également très intéressant. Sur le port dans une vieille maison en bois, on nous fait découvrir la vie dans le mørketid, la nuit polaire en norvégien. La vie sur et sous la banquise pendant toute la période hivernale polaire. Pour nous mettre dans l’ambiance, la visite se fait dans une salle obscure avec une lampe de poche. Après la visite « de nuit », un parcours est organisé dans cette vieille maison de bois où il n’est pas rare de se taper la tête dans une poutre, nous revivons la vie des explorateurs de l’arctique du début du siècle et des chasseurs de phoques et de baleines. Prix très abordable pour la richesse du musée.

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Pour faire la comparaison, Tromsø a tout à voir avec sa petite sœur islandaise  Akureyri. Les deux villes se situent au Nord de leur pays entourées par les montagnes et la mer, moins peuplées et loin de leur capitale respective avec lesquelles elles sont reliées par l’avion avec des vols réguliers, plusieurs fois par jour. Villes portuaires et étudiantes (à échelle respectée) elles sont toutes les deux des villes Nordiques, tournées vers le nord. (Un poil plus au sud pour Akureyri qui n’atteint pas le cercle polaire).

Le mois prochain, escale au Parc National de Þingvellir en Islande, entre merveilles géologiques et patrimoine historique culturel du pays tout entier, le voyage promet d’être passionnant et magnifique. Rendez-vous le 6 mai sur Hiver Arctique.

Lucas

Troll des montagnes à l'esprit vif et au regard aguerri.

2 pensées sur “Escale à Tromsø

  • 6 avril 2015 à 20 h 07 min
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    Bel article….Je vois que les touristes s’arrachent les trolls. Pourquoi cette fascination?

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    • 6 avril 2015 à 20 h 21 min
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      Un article sur les trolls arrivera dans quelques semaines, il est en court d’écriture ! Pourquoi cette fascination ? Bonne question. Emblème de la Norvège aussi … un grand succès d’Asbjørnsen ! :)

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